Quelle est la signification des crus, cépages et millésimes ?
Avant de lire la suite, sachez toutefois que la méthode champenoise, élaborée au fil des siècles, vous permet aujourd’hui de déguster des champagnes de qualité, quels que soient l’année, le type de raisin (cépage) ou encore la zone viticole où ce dernier est récolté. Toutefois, il arrive que certains éléments viennent perturber ce goût unique. Nous vous expliquons ci-dessous comment ne pas vous tromper.
La notion des crus en Champagne
La notion de « cru » désigne l’endroit où croît la vigne ; c’est son terroir. En Champagne, cette notion s’applique à des communes, et elle permet d’identifier la qualité des raisins selon des critères, qui peuvent être la composition des sols, l’altitude, les microclimats et l’exposition des pieds de vigne, ainsi que l’altitude ou les vents dominants. Par exemple, un sol avec de la craie fournira de meilleurs raisins.
Les meilleurs terroirs de Champagne sont classés par communes et permettent d’obtenir une valeur marchande fondée sur la qualité des raisins récoltés. Chaque village est donc assimilé à un cru.
Dans la région champenoise, il existe trois crus répartis sur l’appellation d’origine contrôlée (AOC), qui couvre environ 34 300 hectares :
- les grands crus (17 communes, soit 14 % de la surface de l’AOC ; environ 4 800 ha)
- les premiers crus (44 communes, soit 17,6 % de la surface de l’AOC ; environ 6 000 ha)
- les « sans cru » (258 communes, soit 68,4 % de la surface de l’AOC ; environ 23 500 ha)
Les bouteilles qui portent la mention « grand cru » sur l’étiquette sont des champagnes composés de raisins qui proviennent uniquement de communes classées « grand cru ». Cependant, cette indication ne représente pas la qualité du vin. Elle indique simplement la provenance de la matière première.
Le classement est représenté par une échelle allant de 80 à 100 %, 100 % étant le prix de base réel au kilo du raisin provenant d’un grand cru. Le prix du kilo de raisin d’un premier cru sera fixé entre 90 et 99 %, et pour les terroirs sans classement, ce sera entre 80 et 89 %.
Aujourd’hui, la qualité des raisins récoltés étant irréprochable, vous pouvez sans souci acheter de très bons champagnes, même s’ils sont sans cru.
Les différents cépages en Champagne
La Champagne est la région viticole située le plus au nord de la France, où les vignes sont plantées à flanc de coteaux. Les reliefs permettent un drainage naturel des eaux pluviales et une diminution du risque de gelées et brouillards. Les sous-sols sont constitués d’un socle crayeux de deux cents à trois cents mètres, sur lequel on trouve des sols calcaires, argilo-calcaires, voire argileux et sablonneux.
L’encépagement est conditionné par la géographie et par une double influence climatique océanique et continentale. Trois cépages sont principalement cultivés en Champagne :
le Pinot noir et le Meunier, deux variétés de raisins noirs qui occupent 70 % du paysage viticole, et le chardonnay, avec ses raisins blancs.
On retrouve le Pinot noir sur des sols calcaires ou argilo-calcaires, essentiellement sur la Montagne de Reims. Il a la particularité de produire des jus avec des arômes de fruits rouges, structurés et généreux.
Le Meunier s’adapte aux terres plus siliceuses (sablonneuses), comme dans la vallée de la Marne. Il est également fruité, et apporte souplesse et rondeur. Les champagnes appelés « blanc de noirs » sont élaborés à base de raisins noirs, avec un seul ou deux cépages, permettant d’allier puissance et rondeur.
Le Chardonnay, que l’on retrouve essentiellement sur la Côte des Blancs, au sud d’Épernay, donne des champagnes fins, avec des notes florales et fraîches, parfois minérales. Un champagne composé exclusivement de chardonnay est nommé « blanc de blancs ».
Maintenant, à vous de sélectionner le cépage ou l’assemblage que vous préférez. Pour les plus néophytes, les bruts « classiques » d’entrée de gamme sont généralement des assemblages issus des trois cépages et conviennent parfaitement pour une découverte en douceur.
Qu’est-ce qu’un champagne millésimé ?
Vous vous êtes sûrement déjà demandé s’il était préférable d’acheter un champagne millésimé. Est-ce un champagne meilleur qu’un autre ? Y a-t-il des millésimes meilleurs que d’autres?
Certaines années, les conditions climatiques peuvent être exceptionnelles et vont permettre l’élaboration d’un grand champagne : ensoleillement, pluie, chaleur… Un champagne millésimé sera tout simplement un champagne produit à partir de raisins récoltés la même année.
Tous les millésimes ne se valent pas, et il existe un classement indiquant la qualité de ces derniers, allant de millésime moyen à millésime exceptionnel (il y a également des millésimes du siècle ou du millénaire !). Retrouvez le classement des millésimes de champagne sur la page de Dico-du-vin. Par exemple, 2007 et 2013 ont été de très bons millésimes, et 2011 un très grand millésime.
Ce n’est pas parce qu’un champagne n’est pas millésimé qu’il n’est pas excellent. En effet, de nombreux producteurs prennent le parti de ne réserver les millésimes qu’à des cuvées exceptionnelles. Leurs gammes seront composées de récoltes auxquelles on ajoute des « vins de réserve », vous permettant ainsi de retrouver un goût apprécié d’une année sur l’autre.
Rendez vous sur le site plus-de-bulles pour avoir une vision des millésimes de champagne, année par année.
Pour conclure ce chapitre sur les millésimes, vous savez à présent qu’il existe une classification des champagnes en fonction de l’année de récolte des raisins. Cette information aura une incidence sur le prix et les arômes de votre bouteille.
Quel budget pour une bouteille de champagne ?
Comme vous vous en doutez, il n’y a pas de prix standard pour une bouteille de champagne, comme pour une bouteille de vin rouge ou de vin blanc. Vous avez la possibilité d’acheter des champagnes à plusieurs endroits :
- Dans les grandes surfaces (GMS), là où vous trouverez essentiellement des produits issus de maisons de champagne (négociants manipulants)
- Chez les cavistes de quartier
- Directement à l’exploitation ou dans les maisons de champagne
- Sur internet
Si vous souhaitez obtenir les meilleurs prix pour un champagne, c’est en vous rendant directement sur une exploitation en Champagne que vous le ferez, car, de ce fait, vous ne paierez pas les frais de transport ni les commissions des différents intervenants..
Si vous n’avez pas la possibilité de vous y rendre, voici un aperçu des tarifs que vous pourrez trouver sur le marché. Nous allons vous expliquer comment sont élaborés les prix des bouteilles mises sur le marché.
Pour fabriquer une bouteille de champagne, il faut approximativement 1,3 kg de raisin. Le prix du raisin oscille entre 6 et 7 euros le kilo, en fonction de son cépage et de sa qualité (grand cru, premier cru…). À cette somme, il faut ajouter frais de récolte, tirage, vinification, stockage, dégorgement, conditionnement et marketing. Le prix d’une bouteille entre vignerons et négoce se situe aux alentours de 11 euros HT (ce prix est donc sans emballage ni conditionnement). Nous pouvons conclure que, même en direct avec le vigneron, il est quasi impossible de trouver un champagne à moins de 15 euros TTC. Si vous en trouvez, c’est louche !
Les champagnes qui se situent entre 15 et 20 euros seront donc les « premiers prix », réalisés avec les raisins les moins chers et avec un temps de maturation le plus court possible, pour économiser sur le coût du stockage. La durée minimale légale de vieillissement d’un champagne est de quinze mois, et trois ans pour les millésimes. Ces vins « jeunes » ne vous permettent de découvrir que les premiers arômes des cépages qui composent le champagne.
Entre 20 et 40 euros, vous pourrez trouver des cuvées prestiges de vignerons, des assortiments ayant atteint confortablement leur maturité avec des raisins d’une excellente qualité. En fonction de votre position dans cette fourchette tarifaire, vous évoluerez vers des champagnes issus d’assemblages aromatiques complexes et maîtrisés, et des cuvées spéciales.
Nous vous conseillons d’acheter des bouteilles de champagne à partir de 20 euros (achat chez un revendeur) pour vous assurer de la bonne qualité du produit. Et vous pourrez très largement vous faire plaisir et profiter de tous les arômes du savoir-faire champenois avec un budget allant jusqu’à 40 euros par bouteille.
Quel champagne choisir selon les plats ?
Les principaux critères qui entrent en compte dans votre sélection de champagne sont les suivants.
- Le dosage : si vous souhaitez déguster votre champagne à l'apéritif, durant le repas, au dessert ou même en dehors des repas, votre sélection doit être faite en fonctin du taux de sucre présent dans le champagne
- Le cépage : en fonction de la composition du vin, ses arômes et sa texture seront différents. Des races de raisins s’adapteront mieux à certaines saveurs que d’autres.
Choisir ses mets par rapport au dosage du champagne
Depuis plusieurs décennies déjà, les goûts changent et les champagnes sont de moins en moins « dosés », c’est-à-dire que la teneur en sucre d’une bouteille est plus faible. Cette opération de « dosage » intervient lors du dégorgement, lorsque le bouchon en liège est positionné sur la bouteille. C’est à ce moment que le vigneron ajoute de la liqueur d’expédition permettant de réguler l’acidité ou l’agressivité du vin.
Vous trouverez dans le commerce essentiellement des champagne"bruts", "extra bruts", "secs" ou "demi secs". Voici ci-dessous le tableau des dosages des champagnes.
- Extra-brut : entre 0 et 6 grammes de sucre par litre
- Brut : moins de 12 grammes de sucre par litre
- Extra-dry : entre 12 et 17 grammes de sucre par litre
- Sec : entre 17 et 32 grammes de sucre par litre
- Demi-sec : entre 32 et 50 grammes de sucre par litre
- Doux : plus de 50 grammes de sucre par litre
Il convient donc d’éviter les champagnes sucrés pour les apéritifs afin de garder un palais ouvert, et de privilégier les champagnes secs ou demi-secs au dessert pour contrecarrer l’effet sucré des pâtisseries et gâteaux.
Choisir ses mets en fonction de la composition du champagne
Les trois cépages de champagne donnent chacun des arômes et des textures différents au vin. C’est pourquoi il convient de les associer avec des mets qui ne viendront pas casser ou dénaturer le goût de la cuvée.
Le chardonnay est un raisin assez facile à accorder, car c’est un cépage fin et frais. Il s’accordera parfaitement avec tous types de fruits de mer ou de poissons, crus ou cuits. Vous pourrez vous régaler avec des sushis, sashimis ou apéritifs à base de saumon, mais également avec des desserts à base d’agrumes.
Les raisins noirs, Pinot noir ou Meunier, sont plus structurés et plus fruités. Ils s’accordent parfaitement avec des charcuteries et salaisons d’excellence, des tapas de foie gras, ou bien des desserts à base de fruits rouges.
Les cuvées « brut » d’assemblage de couleurs de raisins (blancs et noirs) seront également adaptées à des apéritifs légèrement épicés, ou des charcuteries et fromages de montagne à pâte pressée (cantal, comté…).
Les rosés pourront accompagner à l’apéritif des mets au saumon fumé, ou bien se boire avec des jambons fumés de prestige. Vous pouvez également les marier avec des viandes blanches ou des plats exotiques peu pimentés. Préférez les desserts peu sucrés à base de fruits rouges ou jaunes.
En conclusion, les champagnes sucrés (demi-sec, doux) sont adaptés à des mets sucrés, alors que les champagnes bruts et extra-bruts sont plutôt compatibles avec des saveurs plus neutres. En prenant un brut d’assemblage, vous pourrez le marier avec un grand nombre de goûts. En sélectionnant un cépage dominant, vous devrez être attentif aux saveurs de vos mets, afin qu’ils ne viennent pas masquer les arômes de votre champagne.
Comment est fait le champagne rosé ?
Depuis de nombreuses années, le champagne rosé est devenu un incontournable des gammes des maisons et des viticulteurs. En dix ans, on estime que les ventes ont doublé et qu’il représente aujourd’hui presque 20 % des ventes de champagne en France. Il séduit tous les publics, qu’ils soient masculins ou féminins, âgés ou non.
Les methodes de production de champagne rosé
Il existe deux methodes permettant de réaliser un vin effervescent rosé
- Le champagne rosé d’assemblage : il est obtenu en mélangeant du champagne classique (confectionné à partir d’un ou plusieurs cépages) et une petite quantité de vin rouge reconnu avec l’AOC champagne. C’est le seul vin français qui peut être élaboré avec cette technique. Il donne des arômes légers et une couleur rose pâle.
- Le champagne rosé de saignée : dans cette technique, on laisse le jus macérer quelques heures (8 à 12 h) avec les peaux des raisins afin que le jus se teinte de manière naturelle. Le champagne obtenu est en général reconnaissable avec une personnalité plus marquée et une robe plus intense.
Quel champagne rosé choisir ?
C’est un champagne facile à apprécier avec ses rondeurs et ses arômes fruités. On le consomme pour tous les événements : apéritifs, déjeuners, dîners ou brunchs. Il a également la particularité de s’accorder parfaitement avec de nombreux mets, même si sa composition joue un rôle non négligeable dans le choix des saveurs, comme nous vous l’expliquions dans le paragraphe précédent.
Pour choisir votre champagne rosé, vous devez, comme pour les autres champagnes, faire attention à sa composition et à son dosage, en gardant à l’esprit qu’il reste très ouvert et donc facilement accordable avec de nombreux mets.
Faire le choix d’une grande maison ou d’un artisan-vigneron ?
L’AOC Champagne couvre les départements de l’Aisne (02), l’Aube (10), la Marne (51), la Haute-Marne (52) et la Seine-et-Marne (77). Elle se décompose en quatre grandes régions.
- La Montagne de Reims : dominante Pinot noir et Meunier
- La Vallée de la Marne : dominante Pinot noir et Meunier
- La Côte des Blancs : dominante chardonnay
- La Côte des Bar : dominante Pinot noir
Sur la totalité du terroir, on trouvera environ 360 maisons de champagne, 16 000 vignerons et 140 coopératives, qui produisent chaque année, en moyenne, environ 300 millions de bouteilles, pour un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros.
Sur ces 300 millions de bouteilles, près de 70 % sont produites (on parle ici de négoce) par les maisons de champagne qui achètent les raisins (ou les cuvées) aux récoltants. 30 % de la production des bouteilles est donc assurée par les récoltants et les coopératives.
La moitié de la production est à destination de l’export, et 80 % de l’export se fait par le biais des maisons de champagne.
Chiffres issus du site https://www.champagne.fr/.
Quelle différence entre maison de champagne et vigneron ?
Les maisons de champagne élaborent des marques et des compositions à partir de raisins issus des différents crus de l’appellation. Elles achètent les raisins ou les jus directement auprès des vignerons avec qui elles sont en contrat et le vinifient ensuite. Ce sont des « négociants manipulants ».
Les maisons de champagne élaborent des cuvées propres à chaque marque, pour ensuite les commercialiser sur les marchés français et internationaux. Environ 90 % des 150 millions de bouteilles exportées chaque année sont acheminés par les maisons de champagne. Tous les champagnes que vous trouvez dans les grandes surfaces proviennent de maisons de champagne.
Il existe également d’autres négociants, qui achètent directement les bouteilles terminées et qui apposent leur étiquette : ce sont des « négociants distributeurs » (NM).
Les vignerons de champagne exploitent les terres, les entretiennent et veillent à perpétuer les traditions culturelles dans le respect de la qualité et de l’environnement. Ils cultivent et récoltent les raisins, les transforment en champagne et les commercialisent : la production est maîtrisée de bout en bout. On les appelle les « récoltants manipulants » (RM), car ils n’achètent pas de raisin ou de vin chez d’autres vignerons.
Que ce soit une grande maison ou un artisan vigneron la méthode champenoise reste la même. L'artisan vigneron proposera des cuvées en plus petites quantités avec des arômes qui sont propres à sa personnalité.
Il ne faut cependant pas oublier également les coopératives champenoises : dans ces structures, chaque vigneron est associé et copropriétaire ; chacun donne son avis et contribue à son bon fonctionnement. Les coopératives proposent des services qui vont de la presse du raisin jusqu’à, parfois, la commercialisation. Chaque vigneron est libre de déterminer les tâches qu’il confie à la coopérative. Ce sont des Coopérative Manipulante (CM) lorsqu’elles commercialisent le champagne et ce sont des Récoltants Coopérateurs (RC) lorsque le vigneron le fait lui même.